Il y a 60 ans, le 17 octobre 1961, de nombreux.ses Algérien.ne.s sont mort.e.s noyé.e.s dans la Seine…

Nous sommes le 17 octobre 2021 et il y a 60 ans jour pour jour, au moins 38 Algérien.ne.s sont mort.e.s noyé.e.s dans la Seine à la marge d’une manifestation pacifique brutalement réprimée par la police.

Crédits photo : Laurin Schmid SOS Méditerranée 

Aujourd’hui, le Préfet de Police parisien en poste dépose, pour la première fois, une gerbe à la mémoire de ces victimes dont on ne connaît toujours pas le nombre exact. Il était temps. Mais au même moment, en 2021, les migrant.e.s continuent à se noyer, pas dans la Seine, mais en Méditerranée. Ce triste bilan s’élève à plus de 20 000 mort.e.s depuis 2014.

En presque cinq ans, nous avons accueilli au sein d’Urgence Homophobie plusieurs personnes qui ont failli mourir naufragées en Méditerranée. Le premier, c’était Sonny*, un jeune gay, Ivoirien, accueilli en 2017 et reconnu réfugié en 2018. Une année plus tard, c’était Adama*, un jeune Sénégalais, qui a été repêché par le bateau de la Capitaine Carola Rackete après que le zodiac des passeurs a crevé en pleine mer. Et il y en a tant d’autres. Des ressortissant.e.s du Mali, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Nigéria, de la Sierra Léone, iels ont emprunté des routes d’exil pour sauver leur vie. Certaines personnes ont vu leurs compagnons de voyage se noyer. Plusieurs ont peur de la mer, même s’iels habitent à Marseille, une ville côtière. 

Nous espérons qu’un jour iels pourront profiter de la mer, mais pour se détendre dans l’eau, comme nous le faisons chaque eté. Nous espérons qu’un jour plus aucune personne ne mourra noyée en Méditerranée, ni nulle part ailleurs, en tentant de sauver sa vie. Nous espérons qu’un jour plus personne ne sera persécuté en raison de son orientation sexuelle ou son identité de genre, quel que soit son pays d’origine ou sa couleur de peau. Nous espérons qu’un jour notre association ne sera plus utile et que nous passerons à autre chose. Mais vraisemblablement, ce jour est encore loin.

Alors on est là. Toujours là.
Et on le sera, tant qu’il faudra.

Benjamin Gauthier